Depuis une visite la semaine passée à l’Aubainerie avec Alix (11), Maya la grande (10) et Maya la petite (8 1/2) j’ai un goût de rage dans la bouche. Je ne sais pas comment l’exprimer. Je le fais ici, je le ferai en personne, j’en ai parlé à quelques uns et j’espère que les mots peuvent avoir des répercutions à long terme. Plongeons.
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– Mais oui maman, Charlotte en porte déjà.
Devant nous, dans la section pré-ados (8 ans à 14 ans max), le rack de lingerie pour fillettes. Pas des camisoles. Que des minis soutiens gorges à pads (!), oui madame. Tout plein, juste ça, au moins 10 modèles à motifs enfantins. Finalement, aura de la difficulté à trouver une camisole car elle sont derrière, reléguées à une arrière-section, pour les autres (?).
– Et Béatrice en a aussi, enfin je crois, répondra la plus petite.
… Et Béatrice aussi, tiens donc. Et je vois le feu prendre dans la cour d’école. Toutes les petites de cinquième qui bourgeonnent se pader le torse comme les grandes de 6ième. Comme les grande du secondaire. Comme les grandes.
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Il faut dire que ça doit déjà faire 10 ans que je me pompe contre ces mousses qui nous égalisent toutes aux stigmates de photoshop. Je vois bien sur le terrain ces galbes arrondir les t-shirts de tous gabarits. Je m’imagine mal le moment où toutes ces femmes diront NON à la puissance de la formalité. La révolution du soutien-gorge à pads se fera-t-elle par nos hommes fatigués du leurre ? Je les vois scandant « Nous ne sommes pas dupes ! À bas les polichinelles ! Revenez au naturel ».
Ou bien, se fera-t-elle par des mères qui verront dans leurs petites filles des femelles suppliant de leur voix de t’chi bébé «Oh maman please, please, please, toutes les filles en ont dans la cour de récré, achète moi z’en un avec des fleurs* dessus ! ».
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Cette mode du sein rond sans mamelon passera. Comme on rit aujourd’hui des soustis des 50’s avec leur armature en métal qui donnait à nos grand-mère des envie de concquérir l’espace. Ou ces épaulettes qui offraient à nos mère une prestance pour obtenir des postes d’envergure. Nos pads chéris d’aujourd’hui nous promettent qu’avoir le contrôle c’est aussi celui de la gravité terrestre.
Je devine qu’un jour nous sera passé à une autre époque où habiter notre corps se fera différemment. Mais je refuse en attendant de faire ce bout de ce chemin là avec mes filles à mes cotés, boules de pacotille dressées et offertes au regard des autres**, un peu trop avant le temps.
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Elles m’en voudront peut-être d’être si rétro-grade. Mais j’accepte ce rôle de la génération précédente qui ne comprend rien à rien, juste parce que je refuse de pader mon rack.
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Mélanie Baillairgé
Femme et mère de 2 jeunes filles
*1 (vous pouvez allez vérifier, Aubainerie sur Mont-Royal, ils en ont à motifs florals enfantins qui étrangement, lèvent le cœur pour toutes sortes de raison)
**2 (Il y a 2 semaines dans la ruelle de l’école, un homme a montré son pénis à une grande de 5e. Nous avons reçu un papier jaune qui nous invitait à en discuter avec nos enfants, à désamorcer la peur et nous invitait à ne pas les laisser marcher seuls. Il y a ça, aussi, dans le leurre.)
Un commentaire sur “Notre sexualisation des jeunes filles”
6 août, 2011 à 8:37
Je suis choquer de voir que la fille de mon chum porte un soutien gorge a armature rembourer, pigeonnant! Cute pour une jeune femme alors quelle n’a que tout juste 10 ans et quelle n’a pas de sien!
C’est ridicule!
Les parents ne réagissent pas! C’est de hypersexualisation!